Au cœur de l’océan Indien, sur un archipel idyllique situé au large du Kenya et de la Tanzanie, une entreprise belge a marqué l’histoire il y a trois décennies. Au début des années 1990, VDS a conclu un accord avec le Seychelles Marketing Board, assumant ainsi un rôle clé dans le secteur agricole local. Ce qui avait commencé par la gestion d’une modeste usine d’aliments pour bétail s’est transformé en une aventure ambitieuse et réussie, fondée sur le partage de connaissances, l’innovation et l’exportation internationale.

Avec seulement 70 000 habitants et une industrie touristique en forte croissance, l’autosuffisance en viande de porc, viande de poulet et œufs était cruciale pour les Seychelles. Pour garantir cette production locale, un approvisionnement suffisant en aliments pour bétail était indispensable. C’est ainsi qu’une usine d’aliments a été mise en place. VDS y a envoyé un manager expatrié, fourni des prémélanges et conçu des aliments sur mesure, basés sur des matières premières importées et autant que possible locales, comme la farine et l’huile de thon, ou encore la coprah.

L’usine était la seule productrice d’aliments pour volailles et bovins sur l’archipel. La responsabilité de fournir des produits de qualité aux agriculteurs locaux dans les délais était donc considérable. VDS a apporté structure, savoir-faire technologique et organisation professionnelle à ce petit État insulaire.

En plus des activités existantes, VDS a découvert qu’une usine complète d’aliments pour crevettes avait été commandée auparavant, pour le projet 'Crevette Géante Tigrée' (projet Monodon) sur l’île de Coetivy, mais n’avait jamais été construite. La présence locale de farine de poisson de haute qualité offrait une opportunité unique : produire l’aliment sur place permettait d’éviter des importations coûteuses et d’économiser des devises précieuses.

VDS a construit l’usine d’aliments pour crevettes et formé une équipe spécialisée. De la sélection des matières premières au contrôle qualité, en passant par la formulation et la production, tout était géré par VDS. Le résultat fut un succès : non seulement l’aliment fonctionnait bien aux Seychelles, mais il ouvrait aussi des portes vers des marchés d’exportation comme Madagascar, le Mozambique et même le Moyen-Orient.

Au sommet de son activité, jusqu’à 6 000 tonnes d’aliments pour crevettes par an étaient exportées depuis les Seychelles. La logistique, le transport international et la gestion financière étaient entièrement coordonnés depuis le siège de VDS en Belgique.

Le projet Monodon de Coetivy et la production de son aliment sur place ont constitué un jalon important pour l’aquaculture mondiale. Ces initiatives ont contribué à positionner l’élevage tropical de crevettes sur la carte mondiale. VDS n’a pas seulement fourni de l’aliment, mais aussi du savoir, des standards et une qualité qui ont été reconnus à l’international.

Le rôle de VDS ne s’est pas limité à la production d’aliments. Au fil des ans, l’entreprise a aussi pris en charge la gestion de l’abattoir local et du couvoir d’œufs. VDS est ainsi devenu un acteur clé de toute la chaîne alimentaire sur les îles. Grâce à une équipe d’expatriés, l’entreprise a assuré pendant près de vingt ans une production professionnelle, durable et de qualité dans une économie à petite échelle.

Malheureusement, cette aventure a pris fin brusquement à la suite de la crise financière mondiale de 2008. Sous la pression du Fonds Monétaire International, l’économie des Seychelles a été profondément réformée. Les usines d’aliments ont été privatisées et la production d’aliments pour crevettes a cessé complètement.

Malgré tout, l’impact de VDS se fait encore sentir aux Seychelles. L’entreprise a démontré que, même dans un État insulaire isolé et disposant de ressources limitées, une production alimentaire durable et professionnelle est possible. En misant sur les ressources locales, le partage de connaissances et une vision à long terme, VDS a laissé un modèle inspirant de ce que peut être une véritable coopération internationale.